Le Monde – Pédocriminalité : « Plus que des mesures ponctuelles, l’Eglise doit engager une conversion de ses pratiques et de ses structures »

Les faits recensés au sein de l’Église par le rapport de la commission Sauvé ne sont pas dus à quelques « moutons noirs », mais relèvent de défaillances systémiques, explique, dans une tribune au « Monde », la professeure d’éthique Marie-Jo Thiel.

RevuedePresseFrance203102021 Avec le rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique (Ciase) [présidée par Jean-Marc Sauvé], rendu public le 5 octobre, l’Eglise de France rejoint les pays qui, avant elle, ont commandé un rapport à une commission indépendante pour procéder à une évaluation chiffrée des violences et permettre leur analyse.

Les chiffres ont été largement commentés. Et s’ils situent la France dans la « moyenne basse » en comparaison des Pays-Bas, de l’Irlande, de l’Allemagne, de l’Australie ou des Etats-Unis, ils n’en relèvent pas moins du tragique intolérable. Ils marquent un point d’étape important pour l’Eglise catholique, appelée à « digérer » cette réalité de la pédocriminalité jusque-là difficile à accepter, et à prendre les mesures qui s’imposent.

Ils interpellent aussi la société où nombre de structures (dans la politique, le sport, les médias, le showbiz…) n’ont pas encore procédé à ce travail d’introspection pourtant nécessaire et urgent. Or selon le rapport Sauvé, la famille et les amis sont le premier lieu d’abus : 3,7 % des Français estiment y avoir été abusés dans l’enfance.

Le Monde. Article de Marie-Jo Thiel. Publié le 8 octobre 2021.
©Photo: Philippe Huguen/Afp